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Confinés mais pas chômés : les coronapistes arrivent (peut être)

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Mars 2020, alors que la pandémie se propage sur toute la planète, (non ce n’est pas le générique d’un film de star wars) quelques villes à travers le monde comme Berlin, Oakland ou Bogata prennent conscience de l’importance des distanciations physiques lors des déplacements inévitables. Elles créent en une nuit, des dizaines de kilomètres d’aménagements cyclables dit temporaires, tactiques, ou encore transitoires que certains appellent les coronapistes.

14 avril 2020, le CEREMA, une agence d’expertise de l’état publie sur son site internet un recueil de ce qui a déjà été fait à l’étranger et de ce qui peut être fait sur le territoire français. Il s’ensuivra également un webinaire.

Passage à l’action et médiatisation

Le même jour le Collectif Vélos en Ville commence à plancher sur des mesures concrètes qu’ils pourraient proposer à Aix Marseille Provence Métropole. Une semaine après, une lettre été envoyé à madame la présidente de la métropole et monsieur le maire de la ville de Marseille, contenant nos propositions de mesures pour permettre le respect des distanciations physiques pendant et après le confinement et la circulation des piétons et des cyclistes dans notre ville.

Ce courrier n’ayant pas suscité un rapide retour de la part de la métropole, le Collectif Vélos en Ville a publié une tribune au travers d’un communiqué de presse diffusé une semaine seulement après sa lettre, soit le 30 avril. Vous pouvez retrouver ce communiqué de presse ici. Il explique en substance, qu’à Marseille plus qu’ailleurs nous nous devons d’agir, puisqu’il n’existe pas d’autres villes en France ou le respect des distanciations physiques va être rendu à ce point difficile. Ville la plus embouteillée de France, Marseille ne vas pas pouvoir accueillir dans ses transports en commun la même quantité d’usager qu’en tant normal. Une seule solution s’offre alors à elle : la marche à pied et le vélo. Mais à cause d’un aménagement de l’espace public désastreux ou les trottoirs n’existent quasiment plus et les pistes cyclables n’ont quasiment jamais existé. Il va falloir prendre des mesures d’urgence pour re-permettre ses mobilités.

Conséquences

Le lendemain, la métropole d’Aix Marseille Provence publiait, hasard du calendrier, son propre communiqué de presse. Dans celui-ci figurait un recueil assez générique de mesures que pourrait prendre n’importe quelle ville, une sorte de copier – coller du recueil du CEREMA publié trois semaines plus tôt.

Communiqué de presse de l’association contre communiqué de presse de la métropole, les médias s’en mêlent et une avalanche d’articles de presse déferlent (que vous pouvez retrouver dans notre revue de presse).

Et enfin donc, une semaine après notre communiqué de presse, la métropole nous invite à une réunion de présentation des mesures envisagées, le 7 mai.

Introduite comme faisant suite à notre premier courrier à madame la présidente, cette réunion reprend non seulement des éléments rhétoriques de notre tribune mais également bon nombre des mesures et notamment des rues à aménager que nous avions proposés. Coïncidence ou non, on peut au moins se dire qu’association d’usagers et pouvoir public se retrouvent d’accord à minima sur les axes de voiries prioritaires.

Résultats

Au titre des victoires donc, nous avons, en premier lieu 9 km d’aménagements:

    • Le boulevard Charles Livon, avec dans un premier temps, suppression du stationnement automobile sur trottoirs (ce qui est illégal, par ailleurs).
    • Aménagement d’une piste cyclable bidirectionnelle sur la Canebière, en lieu et place de celle que nous avons peinte nous-mêmes, le 16 septembre 2016 et qui se retrouvent en première de couverture du cahier de nos recommandations, et que vous pouvez retrouver di-dessous.
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    • Aménagement sur le Prado 1 , de pistes cyclable bilatérales (unidirectionnelle de chaque côté) entre la voie de bus et les mes voies de circulation générale ce qui impliquent une réduction de la largeur des autres voies : à la bonne heure ça roulera peut-être moins vite !
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    • La rue d’Aix : déjà programmé en même temps que le cours Belsunce et la Canebière, on va donc finalement rattrapé encore le temps perdu.
    • Boulevard Baille qui sera peut-être aménagé ou non au bon vouloir de la RTM
    • Boulevard des Dames : déjà programmé par euro-méditerranéen et sur lequel nous avons déjà planché

Dans un deuxième temps ce sera l’aménagement de  :

    • Boulevard de la Liberté
    • Rue de la Grande Armée
    • Cours Pierre Puget
    • Rue Paradis
    • Prado 2

Et dans un troisième temps :

    • Boulevard Rabatau
    • Boulevard Gaston Ramon et Boulevard de la Pugette
    • Boulevard Romain Rolland
    • Boulevard Shloesing
    • Avenue de Hambourg
    • Rue Saint-Savournin et National sud (déjà programmé pour le dernier)

Et enfin, normalement du stationnement vélo.
     
Défaites (temporaires)

Au titre des défaites, ou mesures non obtenues :

    • L’utilisation des plateformes de tramway, comme celle de la rue de Rome : c’est toujours difficile d’expliquer à un cycliste, qu’il n’a pas le droit de rouler sur la rue de Rome alors que les voitures ont le droit de rouler, elles, sur les rails de tramway du boulevard Chave
     
    • L’utilisation des voies de bus, qui sont pourtant ouvertes aux vélos dans les autres villes, mais qui à Marseille, semblent impossibles à ouvrir même en temps de covid. Vous pouvez trouver la grande histoire de voies de bus non-ouvertes aux vélos ici
     
    • Tous les aménagements dans la partie nord de la Ville, du boulevard du littoral, au chemin de St Antoine à St Joseph en passant par la D5A et la D4
     
    • La limitation de vitesse à 30 km/heure qui restait pourtant la plus simple à mettre en œuvre et de la compétence de la ville de Marseille
     
    • Le respect des aménagements cyclables et des trottoirs, là aussi un compétence de la Ville de Marseille avec sa police municipale

De la ville de Marseille d’ailleurs, on attend toujours des nouvelles…

Marseille petite joueuse ?

Avec un démarrage des travaux le 11 mai, date du déconfinement, on ne peut pas dire que la métropole soit donc particulièrement en avance pour faire face à la pandémie et à la prévention d’une deuxième vague de contagion, au moment même où de nouveaux foyers de la pandémie ressurgissent.

Néanmoins la première piste cyclable sort de terre ce mardi 12 mai 2020 sur le Prado 1, un lieu ô combien symbolique. Pour rappel, tant que les panneaux ne sont pas posés on a pas le droit de rouler dessus et c’est évidemment déconseillé puisque les bornes ne sont pas en place.
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Nous avons donc 9 km qui devrait rapidement (un rapide local) être mis en place à l’image de cette piste cyclable du Prado, puis ensuite une quinzaine d’autres kilomètres.

24 km c’est bien ou pas ? A cette question on peut répondre de plusieurs façons :

Soit on se réfère à ce que peuvent faire d’autres villes et dans ce cas nous pouvons comparer nos 24 km de coronapistes au 50 km de la ville de Paris, cette bourgade de province qui est tout de même 2,5 fois plus petites que Marseille. Nous avons donc un rapport de 1 à 5 entre les parisiens et les marseillais… Si c’était du foot, on aurait crié au scandale.

Soit on peut se référer à l’existant, c’est à dire par rapport à ce qui existent déjà. Évidemment comme tout reste à faire à Marseille qui possèdent 50-70 km de soit disant aménagements cyclables, le chiffre de 24 km représente une explosion de 34 – 48 %. OMG !

Mais bon tout ceci reste des promesses.

Et tout cela pourquoi ?
meme, pistes cyclables temporaires, marseilleIl aura donc fallu quelques morts de plus à Marseille, à cause d’une pandémie, pour obtenir enfin une avancée en terme d’aménagements cyclables. Quelques morts de plus ?  Ce triste bilan n’est effectivement pas terminé, loin de là, mais si on s’en tient aux statistiques nationales, on peut donc s’attendre à quelques centaines de morts à Marseille imputables au covid-19. Alors que chaque année la pollution atmosphérique, que l’on doit en grande partie aux automobiles, nous inflige 2 500 morts dans notre ville. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter.

A moins que ces coronapistes ne soient que le début d’une véritable vélorution.