Bonjour Michel, tu es à l’origine de la commission balades du Collectif Vélos en Ville. Quel est ton parcours et comment es-tu arrivé dans l’association ? 

Je suis arrivé à Marseille il y a 11 ans. Je ne connaissais personne. Je me suis inscrit dans un club sportif pour rencontrer du monde mais j’avais envie d’une vie sociale plus riche encore. J’ai connu le Collectif Vélos en Ville en découvrant une « vélorution ». C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de les contacter pour leur proposer d’organiser des mini voyages à vélo avec nuitée. Je pratique le voyage à vélo depuis l’âge de 16 ans et j’avais envie de partager ma passion en la faisant découvrir au plus grand nombre. J’ai été très bien reçu par Benjamin, le président de l’époque, et j’ai pu proposer très vite un premier week-end que j’ai appelé week-end cyclocamping.
Ça va faire 5 ans maintenant que j’organise ces sorties, chaque dernier week-end du mois entre avril et octobre. On apporte toujours quelques nouveautés mais pas de routine en ce qui me concerne. Chaque week-end est toujours très différent des autres. De part les lieux traversés et de part la composition du groupe.

En cette période de confinement, le dernier week-end cyclocamping a du être annulé et c’est la première fois depuis leurs mises en place. Est-ce que le succès a été immédiat ?

Pour l’anecdote, au rendez-vous du premier week-end, je me suis trouvé tout seul au Parc Longchamp car le Collectif Vélos en Ville n’avait pas relayé l’information ! Un souvenir cuisant. Pour le 2ème, le mois suivant, nous étions 5. Nous sommes partis jusqu’au camping de Beaurecueil, au pied de la sainte Victoire. Ça restera un très bon souvenir et le début d’une belle aventure. Le succès aidant, j’ai pu renouveler l’expérience à chaque dernier week-end du mois….et ce, depuis 5 ans maintenant ! Rendez-vous compte ! Depuis ce jour, plus de 150 personnes ont goûté au moins une fois à un week-end cyclocamping de l’association !

Le choix de la destination, les étapes, la réservation des logements … Ça doit te demander une sacrée préparation en amont ! Est-ce que tu organises ces balades seul ? Qu’est-ce qui t’a motivé à organiser ces balades ?

Oui, même si certain(e)s me proposent parfois de nouvelles destinations. Je m’occupe dans ce cas de toute la logistique qui va avec. C’est mon truc. À noter qu’un autre bénévole, Arnaud Denjean, organise lui aussi des sorties pour le Collectif mais à la journée.

Je suis enseignant et, accessoirement, pendant les vacances scolaires, j’ai été longtemps directeur de camp d’ados et je suis encore et toujours accompagnateur de groupes d’adultes pour une petite agence de voyage parisienne. Je voyage ainsi partout dans le monde mais, ces dernières années, ma conscience écologique m’a poussé à me tourner davantage vers le voyage à vélo pour le proposer aux autres. On ne pollue pas, on ne fait pas de bruit, on découvre des lieux à un rythme humain, c’est économique et on renvoie une belle image auprès des gens que l’on rencontre. Que du positif quoi !
En définitive, ce qui me motive, c’est le mariage entre mon goût pour le contact humain, ma passion du voyage et le plaisir de faire du vélo. Dans les groupes, je veille à assurer la mixité. Il y a souvent autant d’hommes que de femmes et cela aide à garantir une belle convivialité. D’ailleurs, je soupçonne beaucoup d’entre nous de (re)venir aussi pour ça. Les gens viennent indifféremment de tous les milieux sociaux. Et puis, il faut bien le dire, le retour à la nature et le partage d’une certaine simplicité me plaisent beaucoup.

Le confinement s’enchaîne avec l’hiver, période pendant laquelle tu as pris la décision de mettre en pause les sorties. Comment s’est organisée la dernière que tu as organisé ?

Le dernier week-end que j’ai organisé a eu lieu à Merindol, au pied du Luberon. Nous nous sommes tous rendus en TER jusqu’à Miramas puis on a roulé par les petites routes tortueuses de campagne jusqu’au camping de Merindol. Un camping sympathique avec piscine où le gérant nous a gracieusement proposé une salle pour passer la soirée. Ce fut un apéro mémorable ! Le lendemain matin, le dimanche donc, le groupe « des sorties à la journée » a pu nous rejoindre pour finir le week-end. Vous l’avez compris, la bonne ambiance et la convivialité sont notre carburant.
 
Depuis sa création, l’association milite pour développer la pratique du vélo, comment as-tu trouvé ta place en tant que bénévole ?  

 

Je suis quelqu’un qui aime le plein-air. Je propose des sorties comme d’autres proposent d’autres actions militantes. C’est gratuit et accessible à tout le monde. L’idée est de développer la pratique du vélo sous toutes ses formes et en toute occasion. Quand je vois les participants d’il y a 5 ans partir désormais en voyage à vélo en autonomie, j’applaudis !
Le rôle de l’association est simple. Elle communique sur l’évènement par l’intermédiaire de sa newsletter et le bouche à oreille fait le reste. J’ai juste un petit bilan à faire en fin d’exercice, c’est à dire une fois par an, et on essaie d’apporter les améliorations qui s’imposent. Tout le monde est le (ou la) bienvenu(e). Il faut juste un vélo, une tente, un duvet et un tapis de sol. C’est un budget ridicule si on le compare à un budget voiture par exemple et on peut utiliser son matériel pendant des années.

Les sorties de cyclo-camping que tu organises permettent de réunir du monde autour du vélo. Si tu devais nous raconter ton meilleur souvenir, lequel serait-il ?

Il y en a beaucoup ! En plus de la partie vélo, mes meilleurs souvenirs sont les apéros et repas du samedi soir. Parfois, on chante ou on fait de la musique. L’ambiance est toujours très bonne. Je me sens récompensé quand je sens la bonne humeur et quand j’entends les rires des participants. Dans ce monde de plus en plus anxiogène, je suis très sensible à l’aspect humain.

Quels conseils donnerais-tu à des personnes en quêtes d’aventures à vélo mais qui n’osent pas encore se lancer ?

N’ayez pas peur de vous lancer ! Le vélo est accessible à tout le monde. Du plus petit au plus grand. De plus, la France et notamment notre région sont de formidables terrains de jeu. Pas besoin d’aller loin pour vivre de belles émotions. Commencez tranquillement. Lancez vous sur un week-end non loin de chez vous (vous pouvez partir avec nous si vous voulez être encore plus rassurés et si vous voulez quelques petits conseils). Puis, envisagez de partir plus longtemps. L’appétit venant en mangeant, vous verrez vite que tout est possible. Vous vous apercevrez qu’il est bon de temps en temps de sortir de sa zone de confort, de déconnecter et de (re)découvrir des plaisirs simples. Aller à la rencontre des gens, partager sa passion, s’enivrer des odeurs de la nature, écouter le chant des oiseaux, apprécier l’eau qui coule dans la rivière, admirer un paysage lumineux, s’évader devant un beau coucher de soleil, se détendre près d’un feu de bois, profiter du silence de la nuit, goûter aux fruits sur les arbres, se baigner dans une eau limpide ou simplement faire une sieste à l’ombre d’un pin parasol. La liste est longue....

Pour moi, le vrai luxe c’est d’avoir du temps. « L’exploit sportif » n’est pas une fin en soi. Il faut juste ne pas oublier de prendre du plaisir … pour ça, il faut d’abord oser se lancer !

Merci Michel d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Nous te retrouverons fin mars/début avril pour la reprise des week-ends cyclo-camping !