Zéro surprise. Qui s’étonnera de la note infamante attribuée à la cité phocéenne ? Il y a quelques semaines, selon l’excellent site d’information local Marsactu, la communauté urbaine de Marseille a été condamnée par le tribunal administratif pour avoir "oublié"d’aménager des pistes cyclables. Fin janvier, le même tribunal avait déjà sanctionné la collectivité pour avoir négligé de mettre en place des double-sens cyclables, qui évitent des détours aux cyclistes tout en apaisant la circulation. On lira ici, sur le blog de la cycliste Isabelle, un compte-rendu détaillé de ces décisions judiciaires. Les Marseillais et ceux qui connaissent bien la ville ne seront pas étonnés d’apprendre que l’on délivre des amendes aux cyclistes sur la Canebière ni que l’on aménage des pistes cyclables sur les trottoirs, en gênant ainsi les piétons, plutôt que de les placer sur la rue, où elles pourraient déranger les automobilistes. En septembre dernier, au moment où toute la classe politique s’était agenouillée au chevet de la cité phocéenne marquée par les règlements de compte meurtriers, j’avais déjà raconté comment la désorganisation des transports pesait sur la ville et ses habitants (à lire ici).
On objectera qu’à Marseille, les pentes sont rudes, les distances pèsent, le soleil tape. Certes. Et après tout, personne n’est obligé de se déplacer à vélo. Mais ce moyen de transport, bon marché, simple, fiable, peut rendre bien des services. Le vélo accélère la marche, désenclave un quartier, apaise la ville, dessert les commerces de proximité. La capitale européenne de la culture et son économie ont pour l’instant fait le choix de se passer de cet outil.
De l'or pour Tours. Le guidon d’or de la FUB a été attribué à Tours. Certes, constate la FUB, "les aménagements cyclables de Tours et de son agglomération ne sont pas éblouissants de qualité". Mais dans quelques mois, toute la ville sera aménagée à 30 km/h (voir les avantages, notamment économiques, ici) et les travaux du tramway ont permis la réalisation d'aménagements cyclables, notamment sur le pont Wilson. Le choix de Tours par la FUB fait cependant bondir un auteur s'exprimant sur le site Carfree, dénonçant "l'absence de concertation" avant la réalisation du tramway et, entre autres, "la pose de pavés 'Made In China' où les roues de nombreux cyclistes ont déjà glissé". Même constat pour John Doe, sur Twitter : "la Fubicy fume un peu, la qualité du réseau cyclable à Tours s'est nettement dégradé suite aux travaux du tram".
Binaire. On regrettera par ailleurs que toutes les villes (même si la couleur des intercommunalités peut varier) nominées dans la catégorie "guidon d'or" soient administrées par la gauche, PS ou PCF, tandis que toutes celles qui étaient menacées du "clou rouillé" soient détenues par l'UMP ou le Modem. La gentille gauche contre la méchante droite. Le vélo n'a pourtant pas toujours de couleur politique, comme le montrent Bordeaux (UMP) ou Lyon (PS), qui pédalent à fronts renversés.
L'espoir rouennais. Enfin, il faut signaler que pour les municipalités estampillées "clou rouillé", tout espoir n'est pas perdu. Rouen, qui avait reçu ce prix en 2006, est en train de développer une politique cyclable sans précédent, notamment suite à la fermeture (due à un incendie en octobre 2012) du pont Mathilde, ce qui amène les citadins à se déplacer autrement qu'en voiture individuelle.
NB : beaucoup d'articles sur le vélo ces temps-ci, actualité oblige. A suivre: les panneaux détournés, le tramway de Sofia, le coût du covoiturage, le mystère des trains courts...