Ou plutôt incuriable ! Mais d’où provient donc ce mauvais jeu de mots entre incurie et incroyable ?
Pour le comprendre, il faut se repencher sur ce qui aura été un des moments de frustration les plus intense de l’année 2018, il y a tout juste un an : La rue curie, rebaptisée rue incurie. Serait-ce le début d’un dénouement ?
Début septembre 2018,
la rue Curie est mise en travaux pour réfection de la chaussée et des trottoirs. Deux textes de lois s’imposent alors à ces travaux :
la loi LAURE (ou article L228.2 du code de l’environnement) et l’article 1 du décret n° 2006-1658 relatif à l'accessibilité de l’espace public. A eux deux, ces textes stipulent que 1. des aménagements cyclables doivent être réalisés et que 2. un cheminement piéton doit exister sur le trottoir (car oui il fallait un texte pour le préciser, surtout à Marseille).
Vous pouvez lire toute cette histoire sur l’article dédié.
Malgré nos nombreux courriers aux services de la métropole et de la mairie de secteur, les réponses que nous avons obtenues se résument à peu de choses à : « on s’en cague, en vrai ! », pour reprendre une dialectique qui parlera à tout le monde dans le coin. Pas vraiment une réponse, à la hauteur de la deuxième ville de France qui a un retard abyssal en matière de modes actifs (et pas que).
Au même moment, comble de la frustration des bénévoles de l’association,
la rue de Bruys non loin de là, se fait également refaire la chaussée et les trottoirs selon les mêmes modalités : voitures à droite, voitures à gauche et voitures au milieu : si on pouvait faire un étage de bagnoles en plus, on le ferait ! Et oui, il faut croire qu’à Marseille ce sont les bagnoles qui mettent les bulletins dans les urnes…
Et puis... et puis arriva un beau jour de fin septembre et les bagnoles tombèrent comme les feuilles des arbres à l’automne. On se sent l’âme d’un poète quand on voit de si belles choses se réaliser...
Mais que se passe-t-il donc au juste ? Soudainement, sans qu’aucune divinité n’eut à intervenir, des panneaux de double-sens cyclables sont installés dans la rue de Bruys. Oh My God ! Puis la semaine suivante, le délire continue : ce sont au tour des logos vélo de venir prendre la place des voitures garées sur le trottoir (certes interdit mais quand même considéré comme légal à Marseille). Comble de cette orgie cycliste, la semaine suivante des potelets sont posés en lieu et place des voitures : WTF !.
Oui vous avez bien lu, et si vous ne nous croyez pas, nous vous invitons à aller visiter ce lieu ô combien désormais symbolique.
C’est tout de même un fait historique : la première fois à Marseille depuis l’invention de la voiture, que cette dernière cède de la place au vélo sans qu’il y ait besoin de faire des travaux à 60 millions d’euros du km (rue de Rome et place Jean Jaurès, on ne vous oublie pas). La rue est rendue partiellement aux piétons et aux vélos (1) sans que votre association ne dusse faire un procès auprès du tribunal administratif. Qui l’eût cru, il y a un an ?
Depuis lundi donc, vous pouvez rouler dans les deux sens de la rue de Bruys sans vous payer une voiture ou une poubelle de face (2).
Et maintenant, à quand la rue Curie (3) ?
Notes :
(1) Partiellement : en effet la rue est encore occupée à 60% par l'automobile, fada !
(2) Merci à tou.te.s les adhérents, bénévoles et cyclistes de nous signaler vos découvertes.
(3) Dans les autres villes de France la quasi totalité des rues sont en double-sens cyclable, là où à Marseille cela reste exceptionnel.
Edition du 9 octobre 2019 : La dernière photo de cet article montre que la totalité de la rue passe en double-sens cyclable, sauf peut être le tronçon entre la rue Ferrari et la rue Saint-Pierre, qui nécessiterait de refaire le trottoir.