Encore raté # 259 : La plaine le cul
Et c’est encore une fois de plus un raté monumental, dans la série des « encore raté », pire encore que le Cours Lieutaud. Comme vous pouvez le voir sur les différentes photos de la place Jean Jaurès (dite la Plaine), rien, mais absolument rien, n’est prévu pour les vélos.
Ce n’est pas faute d’avoir tout de même essayé.
C’était bien parti
Le 15 décembre 2015 déjà, après la lecture du pré-programme d’aménagement, nous avions interpellé le président de la communauté urbaine de Marseille Provence Métropole sur le devenir de cette place et les enjeux pour la circulation des cyclistes, ce qui nous valait une première réunion.
Nous avions eu, durant l’année 2016, une belle surprise en observant un projet ambitieux (en tous cas pour la circulation des voitures) qui rompait avec l’anneau de circulation autour de la place. Celui-ci indiquait alors une bande cyclable dans le sens sud-nord et une piste cyclable dans sens nord-sud le long de l’allée centrale, ce qui allait nous être confirmé lors d’un rendez-vous avec la SOLEAM, le 2 mars 2017.
Puis cela se gâteMalheureusement nous avons appris en avril 2018 que le projet avait été modifié et le 28 mai nous avons eu confirmation que les aménagements cyclables avaient été supprimés pour une version plus que légère : sur le plan qui nous a alors été fourni et intitulé "Plan des sols", on pouvait voir quelques points rouges et des traits bleus dessinés à la va-vite, à main levée avec un stabilo, sans doute par un collégien de troisième venu faire là son stage. Les premiers étaient censés nous montrer les logos vélo peints au sol et les seconds les stationnements. Des seconds nous en verrons certains mais des premiers, on attend encore… Et aujourd'hui, nous avons un corridor de voiture bien protégé par deux longues rangées de stationnement automobile à la place des aménagements cyclables prévus. Les piétons n'ont plus qu'à se faufiler entre les voitures.
Plein le cul
Et voilà comme on passe, une fois de plus d’un projet qui prend bien en compte l’article L228-2 du code de l’environnement qui stipule que toute rénovation de voirie doit inclure des aménagements cyclables au néant cycliste. Et on ne vous parle pas des hautes bordures qui empêchent les cyclistes de monter ou descendre.
Alors on en a plein le cul. On en a plein le cul de devoir
faire des recours au tribunal administratif à tire larigot pour que les institutions de l’État respectent les lois promulguées par ce denier. On n’a pas fini d’instruire
notre dernier recours pour le boulevard de Blancarde qu’il nous faut déjà préparer un nouveau recours pour la rénovation de l’avenue de Saint Julien et du 24 avril 1915. Et encore, entre temps, on en a raté quelques-uns.
Faut-il faire un énième procès pour la Place Jean Jaurès ? On connaît déjà les arguments de la défense : On a fait une zone 30 ! Depuis les premiers procès intentés par le Collectif Vélos en Ville voilà dix ans, la métropole installe des zones 30 pour se dédouaner de faire de réels aménagements cyclables.
La SOLEAM persiste et signe son incompétence
Et la SOLEAM a adopté la même manière de faire : on plante des panneaux zone 30, comme on brandirait un épouvantail à cyclistes militants. On peut voir ce que cela donne avec les photos ci-contre. On notera au passage que l’on rentre tout de même dans une zone 30 en arrivant par la rue des trois mages, mais que l’on sort d’une zone de rencontre au niveau de la rue Saint Pierre : Par quelle magie avons-nous changé de type de zone au milieu de la place ? On notera également qu’il faut être capable de voir le panneau de fin de zone de rencontre qui a été posé parallèlement au sens de circulation au lieu d’être perpendiculaire…
À cela, nous pouvons répondre par deux choses :
Les zones 30 ne sont pas des aménagements cyclables, qui sont des aménagements exclusifs aux vélos, et c’est ce qu’est venu préciser la Loi d’Orientation des Mobilités de 2019 : une zone 30 ne répond pas à l’article L228-2 et ne peut être considérée comme un aménagement cyclable. La SOLEAM a donc clairement enfreins la loi et elle le savait pertinemment.
Deuxièmement, que ce soit une zone 30 ou une zone de rencontre (et même une rue limitée à 30km/h), celles-ci doivent comporter des double-sens cyclables et là encore on ne peut que constater sur ces photos, l’inaptitude de la SOLEAM, s’il fallait le démontrer, à faire correctement son boulot.
Mais qui pourra donc faire correctement les choses ? La réponse bientôt...