On vous le concède la blague est facile lorsque l'on parle d'un savant ou plutôt d'un chercheur marseillais. Mais il faut dire que celui-ci a bien cherché les cyclistes tout de même.
Mais alors que dit un chercheur reconnu pour ses travaux sur les bactéries lorsqu'il s'exprime sur les cyclistes dans un hebdomadaire national ? La réponse est facile : il tient le discours d'un marseillais bien attaché à l'utilisation de sa voiture quitte à dire des énormités sur les cyclistes urbains.
On vous laisse lire la réponse argumentée d'un journaliste blogueur à
Le Monde ici
Et ci-dessous, le droit de réponse du Collectif Vélos en Ville à cet "hebdomadaire" national :
Monsieur,
Peut-on être professeur de médecine émérite et chroniqueur dans un hebdomadaire ? Certes oui, mais les billets d’humeur doivent, me semble-t-il, rester dans la limite des compétences de l’écrivain.
Vous avez lancé un cri d’alarme dans « Le Point » de la semaine dernière sur la dangerosité de la circulation à vélo ! Vous nous dites que celui-ci serait source de mort vicieuse et insoupçonnée : pensez, ne voilà-t-il pas que le deux-roues à pédales tue plus que le Chikungunia !
Difficile de savoir si l’on peut mourir du Chikungunia à vélo, mais imaginer que l’on meure plus en vélo qu’en se déplaçant par un autre moyen de transport est ridicule. On pourrait toujours triturer les chiffres pour leur faire dire quelque chose dans ce sens, mais les statistiques sont têtues : selon l’ONISR (securite-routiere.gouv.fr), 158 victimes à vélo sont à déplorer en 2014 (et non 164, comme vous le dites, ce qui fait 8 heureux…).
Malheureusement, c’est une augmentation par rapport à 2013 (147 victimes) mais sur la période 2000-2014, la mortalité a baissé de 42% !
Complétons pour 2014 : 503 pour les piétons, 168 pour les cyclomoteurs, 624 pour les motos, 1 661 pour les véhicule de tourisme, 58 pour les poids lourds, 216 pour les autres transports, soit un total de 3 388 victimes. Et pour vous faciliter la tâche, voici les pourcentages dans le même ordre : 15%, 5%, 5% (pour les vélos), 18%, 49%, 2%, 6%. Votre constat, M. Raoult, est donc spécieux.
En fait, notre chroniqueur cherche surtout à dénoncer le comportement des cyclistes : il a raison, il y en est de dangereux !
Mais vous devriez ouvrir les yeux quand vous vous déplacez dans Marseille, puisque vous y travaillez et sans doute y vivez, pour évaluer la part de dangerosité des transports ! Il n’y a pas, à notre connaissance, de cycliste ayant causé la mort d’automobiliste, ni de piéton non plus - ou alors par crise cardiaque, mais c’est difficile à vérifier ! Par contre le nombre d'automobilistes stationnant sans remords sur les passages piétons, sur les bandes cyclables ou sur les trottoirs, sans semble-t-il craindre le gendarme, est totalement vertigineux.
Et sans doute ne vous êtes vous pas rendu compte que les règles de circulation avaient changé : il existe aujourd'hui des double-sens cyclables (voie à sens unique où les cyclistes sont autorisés à circuler dans les deux sens), des "cédez le passage cycliste au feu rouge". Bien entendu, la majorité des cyclistes ont leur permis de conduire.
Vous devriez surtout conclure que l’attention portée aux vélos, en particulier à Marseille, est insuffisante ; que le vélo est un moyen de transport permettant de réduire la pollution et de maintenir en forme des organismes trop sédentaires. Vous devriez aussi savoir que les victimes cyclistes sont pour les deux tiers morts sur les routes et non dans les espaces urbains. Plutôt que de répandre la peur à propos du vélo et ses victimes insoupçonnées, vous devriez vous rassurer, rassurer vos lecteurs, pratiquer l’engin et en vanter les bienfaits.
René DIAZ, vice-président du Collectif Vélos en Ville – Marseille
P.S. :
Si nous voulions être ironique nous pourrions rajouter :
a) le vélo en ville tue moins que le mariage, 174 morts violentes dans le couple (Le Point du 9 Juin 2013)
b) Evoquer Ebola est sinistrement grotesque : 10 000 morts dans trois pays à la population totale de 21 millions...
Nous pourrions aussi citer :